Le nez de bébé

Publié le par manipulationsolfactives

 Par Catherine Bouvet

 

  (Extraits de Manipulations Olfactives,ces odeurs qui séduisent, guérissent, trahissent.../ Ed. PAYOT)

 

Tout d’abord, le petit enfant se tourne vers le sein de sa mère. Car c’est l’odeur du colostrum (premier lait maternel) que sent le nouveau-né. Un parfum qui lui rappelle celui du liquide amniotique dans lequel il a baigné pendant neuf mois. Une odeur «pratique» puisqu’elle lui indique comment se nourrir, en le dirigeant vers le sein maternel, mais une odeur surtout rassurante ! Au contact de la peau de sa mère, enveloppé dans son odeur corporelle, l’enfant s’apaise et reprend des forces après son exploit : sa propre naissance.

L’enfant reconnaît sa mère et réciproquement : 90 % des mères reconnaissent l’odeur de leur nouveau-né dans les trois jours qui suivent la naissance, même si elles ne l’ont «senti» que quelques heures. Elles trouvent son «parfum» plaisant.

Mais n’est-ce encore qu’une question d’odeur ? Dans cette même étude, on apprend que les pères seraient, eux aussi, capables de reconnaître leur enfant.  Serait-ce, alors, une façon olfactive de «reconnaître» celui de son sang, de ses gènes ? Un instinct inné à reconnaître sa lignée ou du moins celui qui possède une même série de gènes, voire son phénotype ? Les recherches sauront, peut-être dans quelques temps, nous confirmer ces hypothèses…    

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Des odeurs in utero

 

C’est longtemps avant la naissance que l’enfant «sent». Au cours de la grossesse, les récepteurs olfactifs et gustatifs ont été stimulés par la circulation sanguine et les changements de composition du liquide amniotique.

Les études faites chez les nouveaux-nés prématurés ont permis de mieux comprendre la vie olfactive du fœtus. Dés le troisième mois de gestation,  les premiers cils de la cellule olfactive apparaissent. Le bulbe olfactif se forme, lui, quelques semaines plus tard. A partir du 5ème mois, les papilles gustatives permettent au bébé de goûter le liquide amniotique. Et c’est au dernier trimestre de grossesse, que les récepteurs olfactifs sont matures. Ils alimentent le cerveau en informations, permettant ainsi à l’enfant de mémoriser un certain nombre d’odeurs.

On sait, par exemple aujourd’hui, que le bébé in utero préfère le goût sucré et n’aime pas l’amer. Il faut dire que le liquide amniotique, dans lequel il baigne, a justement une saveur légèrement sucrée. Le bébé se crée déjà toute une palette de goûts grâce à l’alimentation maternelle pendant la grossesse !

Les goûts de Maman influenceront alors ceux de Bébé. On sait, par exemple, qu’un bébé dont la maman consomme de la menthe ou de l’anis en fin de grossesse sera, après la naissance, attiré par ces arômes. De même pour les parfums de vanille et le parfum de tous les aliments ingérés par la maman. L’environnement dans lequel vit sa mère est important, des odeurs de cuisine aux gaz d’échappements… Bébé connaît aussi, in utero, l’odeur et même le parfum que porte sa mère…

 

Nouveaux-nés et prématurés

 

Ces études menées auprès des prématurés nous renseignent sur les préférences gustatives des nouveaux-nés et en particulier sur les  liens olfactifs avec leurs mères. 

En fait, si l’on approche des narines d’un nouveau-né un coton imbibé de différents liquides amniotiques, il réagit seulement à celui dans lequel il a baigné pendant neuf mois. Puis, quelques heures après la naissance, le bébé réagit aussi à l’odeur d’un coton imprégné de lait maternel (celui de sa mère ou d’une autre). (B.Schaal, T. Hummel, R.Soussignan « Olfaction in the feta land premature infant : functional status and clinical implications ».

 Le liquide amniotique, puis le lait maternel sont les premières odeurs qui lient le nouveau-né à celle qui lui a donné la vie. Ensuite, il y a l’odeur de sa peau. Les infirmières des maternités, qui veillent sur les bébés en couveuse, participent quand cela est possible à ce lien olfactif mère-enfant. Pour calmer les pleurs du nouveau-né séparé de sa mère, elles déposent près de son visage une compresse, un tissu porteur de l’odeur de la peau maternelle.

 

L’odeur de Maman

 

Dans les premières heures de la vie, l’odeur maternelle joue donc un rôle fondamental, comme un lien de plus entre la vie d’avant et celle d’après la naissance. Le bébé, depuis l’évènement marquant et très «physique» qu’a été sa naissance, gère son stress face aux éléments extérieurs grâce à cette odeur rassurante. C’est sans doute pour cela que, parfois avant une opération chirurgicale, certains médecins laissent un jeune enfant respirer un linge imprégné de l’odeur maternelle en même temps que l’anesthésique. Une façon, bien sûr, d’apaiser l’enfant, de le conforter dans son univers olfactif familier.

       

Le nouveau-né est capable de toutes les subtilités. Dés l’âge de 10 jours, l’enfant sait distinguer non seulement l’odeur de sa mère parmi d’autres, mais il sait aussi détecter des fragrances à la limite de la perception. Plus son nez est sollicité, plus son « répertoire » d’odeurs augmente et ses sens s’affinent.

A la naissance, le goût et l’odeur du lait de Maman, de même que l’odeur de sa peau semblent donc réconfortants pour Bébé. D’autant plus que cette odeur s’accompagne, dans le meilleur des cas, d’une ambiance et de gestes affectueux. Pour le  nouveau-né, cette odeur va être mémorisée comme un « refuge affectif ».

Publié dans Maternité- enfants

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